S’associer en affaires de façon intelligente plutôt qu’émotive
Chaque entrepreneur vit des réussites et aussi des échecs (ou des défis, si vous préférez). Y compris moi! Dernièrement, et depuis quelques années, la croissance de mon entreprise est très positive. Au moment où j’écris cet article, nous sommes quatre à travailler pour mon entreprise; quatre à gérer l’abondance que nous recevons grâce à nos clients et à l’efficacité de notre marketing.
Bien sûr que tout n’est pas toujours rose. Un grand défi me pendait au-dessus de la tête et a duré près de 2 ans; un défi qui m’aura coûté plusieurs dizaines de milliers de dollars. Un mauvais investissement fait de façon émotive plutôt qu’intelligente… Je te partage donc mon histoire et ce qu’elle m’a aussi permis d’apprendre. Si ça peut te servir à toi ou à un entrepreneur que tu connais, tant mieux!
Une histoire de mauvais investissement
Je te raconte mon histoire pour mieux comprendre et pour mettre en évidence mes erreurs. En février 2016, j’ai investi en mon nom dans l’entreprise d’un de mes clients avec qui je voyais le potentiel de collaborer. J’étais convaincu que mon expertise d’organisateur pouvait contribuer à générer des bénéfices très intéressants. À peine quelques mois plus tard, en septembre 2016, je me suis retiré. Nous ne nous entendions pas sur la façon de gérer l’entreprise.
Mes erreurs
Là où je me suis tiré dans le pied : malgré que j’étais actionnaire minoritaire, j’avais signé des cautions personnelles sur le bail de location, signé un contrat de crédit-bail pour des équipements, contracté un prêt personnel et avancé de l’argent à l’entreprise. Résultat : même après m’être retiré de l’entreprise et en n’étant plus administrateur de la société, je demeurais responsable personnellement de ce que j’avais signé en mon nom. Ouin, je sais ce que tu penses…
Et puis, le pire des scénarios s’est produit : l’entreprise a fermé ses portes un peu plus d’un an après, avec en plus une dette de loyer, des équipements impayés et un dirigeant non solvable. J’ai donc dû régler ces dettes, me débrouiller avec le trouble de racheter les équipements pour les revendre (et les déménager). Bref, une expérience que je ne souhaite à personne.
Ce que je souhaite, c’est que tu prennes le temps de bien lire mon article et de considérer les conseils qui vont suivre.
Partage de mes apprentissages
Si tu me connais un peu, tu sais à quel point l’entraide entre entrepreneurs est importante pour moi. Comme j’ai vraiment beaucoup appris de cette expérience, je te partage mes apprentissages et je t’ajoute quelques recommandations issues de mes erreurs et de mes réflexions.
1. Un bail de location, ça se négocie!
Quand plusieurs personnes sont impliquées sur un bail, les chances de frictions sont élevées et il y a bien un risque qu’au moins une des personnes se retire avant la fin du bail. La plupart du temps, un locateur veut faire signer un bail pour la plus longue période possible, souvent cinq ans. C’est ce que tu rencontreras fort probablement. Cinq ans, c’est trop long pour une jeune entreprise. Essaie plutôt de signer pour un maximum de trois ans.
Ta garantie personnelle (la caution) est importante pour le locateur. Ce sera donc difficile de ne pas l’inclure. Par contre, on voit souvent une caution personnelle accordée pour une plus petite période que la durée complète du bail, par exemple 1 an ou même 6 mois. Tu peux donc essayer de négocier cette partie.
Rappelle-toi ceci : comme un actionnaire minoritaire n’a pas le contrôle de l’entreprise, il ne devrait en aucun cas cautionner personnellement un contrat, toute forme soit-il. Et ce, à moins que tous les actionnaires soient minoritaires dans le partage des actions.
Aussi, sache que l’ajout d’une clause de sortie du bail peut être envisagé dans le cas où un actionnaire ou un administrateur se retirerait. Il est même possible de négocier une clause de sortie pour l’ensemble des actionnaires. Important à savoir, n’est-ce pas?
2. Investir dans une entreprise existante : les étapes que je recommande de suivre.
Si une entreprise existe depuis un bon moment et qu’une personne souhaite s’y joindre à titre d’investisseur ou d’administrateur, voici le meilleur conseil que je puisse donner : s’associer de façon progressive. C’est-à-dire, notamment, de prendre le temps de travailler ensemble dans l’entreprise avant d’officialiser l’association. Par exemple, avec une entente rédigée en bonne et due forme, le nouvel actionnaire pourrait bénéficier de ses actions uniquement s’il s’implique toujours dans l’entreprise après une certaine période de temps. Voilà un bon exemple de ce que c’est de se joindre à une entreprise de façon intelligente plutôt qu’émotive.
Un clin d’oeil. Connais-tu la raison pour laquelle l’intelligence décroît quand l’émotion s’accroit? Pour comprendre, imagine que tu vois un acteur ou une actrice d’Hollywood que tu admires dans la rue et que tu as l’occasion d’aller lui parler. Les mains moites, la bouche sèche, le cœur qui bat la chamade… Il y a de fortes chances pour que ce que tu souhaiterais lui dire ne soit pas le discours le plus intelligent que tu aies dans ta poche! Même principe lorsque tu es en colère. Des sons aigus ou trop graves sortent de ta voix, tu perds ta crédibilité et tu dis des choses qui ne font pas toujours de sens (ou qui dépassent ta pensée). Bref, dans les affaires et partout dans ta vie, rappelle-toi que ton niveau d’intelligence descend lorsque les émotions montent. Et que l’important, qu’il s’agisse d’une émotion positive ou négative, c’est de la laisser redescendre avant d’agir.
3. Démarrer une nouvelle entreprise avec un autre entrepreneur
Un nouveau projet, c’est toujours excitant. C’est l’étape géniale où l’on rêve et se projette dans le futur. C’est à cette étape qu’on est le plus créatif et durant laquelle les idées innovatrices émergent. Et, comme on dit, deux cerveaux valent mieux qu’un!
Dans le contexte où on démarre quelque chose de nouveau, c’est plus difficile et moins logique de dire à son partner : « prends tout le risque pour les premières années, ensuite on le partagera ». On se doit donc de consulter un professionnel pour rédiger une convention d’action ou un équivalent d’entente si l’entreprise n’est pas incorporée. La convention entre actionnaires, c’est un peu comme un contrat de mariage. On y détaille ce qui arrive si la chicane pogne, si un décès survient, et si une des parties souhaite se retirer. Bref, c’est un incontournable.
Ensuite, je te le mentionne parce que je pense que c’est un fait important à savoir : il est peu recommandé d’être à 50-50 dans une entreprise. Pourquoi? Tout simplement parce que quelqu’un doit pouvoir trancher, avoir le « contrôle de la société ». La proportion de 51-49 est plus couramment utilisée, pour les raisons mentionnées. Ton avocat pourra t’expliquer plus en détail.
4. Avant d’avancer de l’argent à l’entreprise…
C’est clair qu’au départ, tu auras probablement à investir une somme personnelle dans l’entreprise. Par contre, si tu peux plutôt faire contracter un prêt à l’entreprise, de mon point de vue c’est l’idéal. De cette façon, la responsabilité du prêt est à l’entreprise plutôt qu’aux actionnaires (dans certains cas). Je t’avoue que c’est plutôt difficile d’obtenir du financement pour une nouvelle entreprise sans que tu sois personnellement responsable, mais ça vaut le coup d’essayer.
Si tu avances tout de même de l’argent à la société, assure-toi d’émettre un billet. « Un billet à ordre », pour reprendre le langage juridique. Il s’agit en fait d’un contrat qui spécifie que la somme que tu avances t’est due, à un pourcentage d’intérêt X et qu’elle te sera remise à une date X. C’est ce qui t’assurera de protéger les sommes avancées à la société et de pouvoir les réclamer sans que ce soit trop compliqué, et ce, même si tu ne t’impliques plus dans la société.
Le risque, ça ne s’élimine pas…
Voilà, en bref, les choses que j’ai apprises de mon expérience d’investisseur. « Avoir su », comme on dit… Le risque par contre sera toujours présent. On doit savoir doser la part de risque. Parce que sans risque et à vouloir être trop prudent, on risque de passer à côté d’opportunités et de ne pas réaliser nos rêves. Et puis, comme tu peux le voir, on peut apprendre énormément de nos « moins bonnes » expériences!
Je t’invite à laisser un commentaire, à aimer ou à partager si tu as vécu une expérience semblable ou si tu souhaites faire bénéficier l’article à des amis entrepreneurs.
À bientôt!